« Bien vieillir » est un enjeu primordial de notre département et le nouveau schéma gérontologique 2012-2016 du conseil général ne va pas dans le bon sens pour l’élu communiste Noël Albin.
Les nouvelles orientations du schéma gérontologique ont été précisées et discutées lors de l’assemblée du Conseil Général. Quelle a été la teneur de votre intervention ?
Tout d’abord, ce nouveau schéma nous a été présenté sans que l’on soit associé à la moindre réflexion. Siégeant dans trois conseils d’administration d’établissements publics, ma contribution, aussi modeste soit-elle, aurait pu être utile pour exprimer les problèmes rencontrés par ces structures.
Ces orientations du schéma gérontologique 2012-2016 ne sont que des vœux pieux. Aucun moyen n’y est défini pour sa mise en œuvre. Tout cela est une affaire de communication. Rien ne répond aux besoins de maintien à domicile ou de prise en EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes). On aurait aussi aimé voir un rééquilibrage entre les places dans le secteur privé et public.
En 2010, vous alertiez sur le trop grand nombre de maisons de retraite dans le secteur privé dans le département (65% contre 15% au plan national). Comment cela a-t-il évolué ?
La disproportion est toujours aussi forte. Sur les 2200 lits promis dans le schéma gérontologique précédent, 1400 ont été réalisés. Cependant, les restrictions budgétaires de l’Agence Régionale de la Santé est un élément de blocage. L’ARS ne fait que répercuter les directives gouvernementales en matière de politique de santé. Et au nom de la réduction des dépenses de la sécurité sociale, le nombre de possibilités d’autorisation de lits diminuent. Dans le futur schéma, il n’y a d’ailleurs aucune création de lits dans les maisons de retraites publiques ou privées.
Pourtant le conseil général a annoncé dans ce schéma 2012-2016 de nouveaux lits ?
Mais, ce seront ceux prévus dans le précédent schéma. Pour résumé, en 2016, on devrait atteindre les objectifs de 2010 ! Et le privé continuera de détenir une place dominante.
Il y a quelques « mesurettes » annoncées qui vont dans le bon sens comme des nouveaux dispositifs permettant le maintien à domicile ou dans une famille d’accueil. Mais encore là, c’est une prise en charge à l’économie.
On assiste aussi à un très fort désengagement de l’Etat dans ce domaine ?
Les annonces ne sont que des annonces suivies d’aucune mesure. Toutes les récentes évaluations draconiennes, mesures restrictives,… s’inscrivent uniquement dans une logique purement comptable. Par exemple, l’Allocation Personnalisée d’Autonomie est un transfert de l’Etat qui n’a jamais été compensé correctement. Les départements sont obligés de prendre des mesures pour éviter l’explosion des besoins. Dans les Alpes-Maritimes, cela se traduit par une diminution des allocations versées. Et à la fin ce sont toujours les humains qui trinquent.
Vieillir deviendrait un luxe ?
J’aurais tendance à aller dans ce sens. Aujourd’hui effectivement, c’est un luxe qui profite à des grands groupes qui jouissent de la situation pour pratiquer des tarifs de journée autour de 90 à 100euros. Cela a même conduit le conseil CG à passer de 20% à 30% le nombre de lits attribués à l’aide sociale dans ces établissements. Mais ces lits ne sont pour eux qu’une variable d’ajustement. D’ailleurs, les chiffres des personnes bénéficiant de l’aide sociale dans ces établissements aux tarifs prohibitifs n’apparaissent nulle part.
Quel serait le gros effort à faire maintenant ?
Ce schéma aurait été raisonnable si le problème de l’accueil en EHPAD avait été pris en compte. La sonnette d’alarme a été tirée par le personnel désemparé à qui on demande encore de faire des efforts. Ils savent que les budgets ne sont pas toujours extensibles mais à l’heure actuelle ils ne sont pas suffisants pour fonctionner et apporter l’aide nécessaire aux personnes accueillies. Cela génère un mal-être général.
La réévaluation de la prise en charge de la perte d’autonomie ne doit pas se faire suivant une logique comptable. Elle doit d’abord se faire avec l’humain.
Propos recueillis par Julien Camy